Consultations internes

Enquête sur la formation continue à l’AEFE juin 2021
Accueil de stagiaires dans les classes Novembre 2019

Le SNUipp-FSU Hors de France a lancé une consultation sur l’accueil des stagiaires dans les établissements français de l’étranger. Cette consultation répondait à un questionnement des collègues titulaires en poste qui souhaitaient savoir comment cela fonctionne dans le réseau et quels sont les dispositifs mis en place. Au vu du succès rencontré par cette consultation (plus de 252 réponses enregistrées), nous diffusons cette analyse des résultats.

Analyse du HDF : L’objet de cette consultation a apparemment beaucoup intéressé les collègues au vu du nombre de réponses reçues. Ces réponses émanent de partout dans le monde. A noter que certains pays ont beaucoup participé : Allemagne 14 réponses, Egypte 24 réponses, Espagne 23 réponses, Maroc 20 réponses.   Si on regarde par statut, on note que les résidents sont largement majoritaires et que c’est eux qui sont principalement sollicités pour cet accueil bénévole et volontaire dans la plupart des cas.

Le graphique n°2 montre que l’opinion des enseignants est partagée mais plutôt favorable. Il semble que cette pratique d’accueil de stagiaires soit déjà largement répandue dans le réseau malgré l’absence de cadrage général (voir graphique n°3). 

Analyse du HDF : Sur la durée d’accueil, les réponses montrent que celle-ci est le plus souvent de 1 à 2 semaines. Il est néanmoins étonnant cette durée va jusqu’à un mois pour 22 collègues ; ce qui nous paraît plutôt long pour l’enseignant qui reçoit.

Le graphique n°5 montre que c’est le plus souvent le directeur ou le chef d’établissement qui est à l’origine de l’accueil des stagiaires. Nous pouvons en déduire qu’il peut y avoir une certaine pression mise sur les collègues pour accepter même si très peu de réponses ont été émises à la question du refus possible (graphique n°6).

Analyse du HDF : Le graphique n°7 montre que les stagiaires sont dans plus de la moitié des cas des futurs enseignants de l’établissement. Ces stages ont donc pour objet de trouver des personnels susceptibles de remplacer à terme ceux-là mêmes qui les accueillent.

A noter également que le travail supplémentaire demandé aux enseignants est le plus souvent la règle (graphique n°8), il convient donc que cette surcharge soit compensée, ce qui n’est pas toujours la règle.

Le graphique n°9 démontre que c’est l’enseignant accueillant qui reste dans la très grande majorité des cas responsable de la classe. Il nous paraît donc indispensable qu’une convention soit mise en place au vu de la responsabilité engagée.

Analyse du HDF : Le graphique n°10 montre que le dispositif n’est pas cadré et que la responsabilité des enseignants accueillants reste le plus souvent pleine et entière. Ils ne sont pas informés des risques qu’ils prennent.

Il en est de même pour les compensations qu’elles soient financières ou horaires. On compte sur la bonne volonté des personnels et sur leur conscience professionnelle pour effectuer ce travail supplémentaire auprès des stagiaires. Il semble que sur ce point également, un cadrage soit indispensable (graphique n°11).

Souvent les enseignants accueillants estiment que l’accueil d’un stagiaire dans leur classe leur permet de prendre du recul sur leur pratique. Il semble donc intéressant qu’un retour soit effectué suite à cet accueil. Or, d’après le graphique n°12, ce bilan n’est pratiquement jamais fait. Le principe du donnant-donnant n’est donc pas respecté.

Analyse du HDF : Le graphique n°13 montre qu’il y a très peu de collègues ayant le CAFIPEMF dans ceux qui accueillent des stagiaires. Il convient donc de ne pas leur demander des taches pour lesquelles ils ne sont pas formés et pas rémunérés. On peut également s’interroger sur l’impossibilité de passer cette certification en étant détaché. On note également que, majoritairement, les collègues ne souhaitent pas que le statut de détaché soit associé à un rôle de maître d’accueil (graphique n°14), ils préféreraient que des maîtres formateurs se chargent de ce travail de formation (graphique n°15). Une modification de la lettre de mission des résidents dans ce sens ne serait donc pas souhaitable pour une majorité de collègues.

Analyse du HDF : Ce graphique final est éclairant : la demande des collègues est d’avoir de vrais formateurs pour accueillir les stagiaires. Cela revient à dénoncer les bricolages locaux pour former des remplaçants à moindre coût. Il en est de même pour la compensation, les collègues estiment que ce travail supplémentaire doit être rémunéré et non pas compensé par les 108 heures. Cela revient à considérer que ces 108 heures ne sont pas utiles et servent de soupape de sécurité.

Pour conclure, les nombreuses réponses mettent en évidence un indispensable cadrage de ce type de dispositif. Tous les domaines sont concernés : sécurité, responsabilité, formation, pédagogie et rémunération.

Autres réponses

Certains collègues ont estimé que le questionnaire n’était pas suffisant pour expliquer leur position par rapport au sujet traité, voici leurs réponses :

Italie : je souhaitais ajouter que j’ai déjà été sollicitée pour  faire des formations aux collègues car le formulaire n’en parle pas.

  • un stage de zone où je n’ai eu aucune compensation financière mais une jolie attestation.
  • une formation de mes collègues de cycle sur un conseil de cycle (enfin il fallait la préparer tout de même,  j’ai enlevé de mes 108h partie formation)

J’avoue aimer participer à la formation des collègues. C’est un volet du métier intéressant. Interroger sa propre pratique par le prisme tout neuf d’un stagiaire….La formation au CAFIPEMF et la compensation financière serait vraiment bienvenue…

J’ai aussi aidé une collègue à préparer le concours…c’était il y a longtemps…maintenant je décourage  tout le monde de le faire.

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Roumanie : Sur Bucarest, les titulaires résidents peuvent recevoir des gens dans leurs classes de façon volontaire, (rien d’imposé) il s’agit notamment de gens pouvant plus tard faire partie du « vivier » de remplacement, ou de futurs collègues en contrat local. De plus,  Il est arrivé 3 fois en 4 ans de recevoir des stagiaires de l’espe de Grenoble qui venaient à leur demande sur Bucarest.

Quel a été votre rôle auprès des stagiaires ? *

il est réducteur de dire pas d’échange. Il s’agissait en général de temps passé dans les classes avec échanges et discussions …. 

Avez-vous eu un retour après l’accueil ?

 oui par le stagiaire et oui par l’administration

Souhaiteriez-vous que les titulaires de l’Education Nationale deviennent des maîtres d ‘accueil temporaires(MAT) pour des stagiaires en observation ?

Beaucoup de collègues étaient déjà MAT dans leur département avant de travailler à l’étranger
passer le CAFIPEMPF en étant à l’étranger ? 

Les modalités pour passer le cafipempf ont changé, impossible de le passer maintenant en étant déjà à l’étranger. Effectivement ce serait bien que des collègues déjà en place puissent le passer.

Pensez-vous que seuls les détenteurs du CAFIPEMF doivent être sollicités pour accompagner et former des non titulaires et des stagiaires ?

Il n’y a déjà pas beaucoup de cafipemf dans les écoles à l’étranger, il est important dans ce cas de pouvoir aider les contrats locaux. 

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Cambodge :  Au lycée Descartes de Phnom Penh, nous avons 2 maitres formateurs en contrat local avec chacun 8h de décharge pour former en grande partie les nouveaux non titulaires. Depuis cette année, chaque enseignant (résident ou pas) peut proposer une formation interne rémunérée selon ses compétences. Ces formations / animations auront lieu le mercredi après-midi.

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Serbie : Les collègues sont en difficulté pour répondre à ce sondage, car ici personne n’est contre accueillir des stagiaires dans sa classe mais nous avons demandé des compensations, depuis des années la section se bat pour ça et on l’a obtenu plus ou moins, selon les années, sur les huit dernières années, sous forme de compensation horaire prise sur les heures de concertation des 108h.

Donc, si en Serbie, on vous répond qu’on veut bien accueillir des stagiaires et qu’on l’a déjà fait, il faut garder en tête que c’est à cette condition. 

De la même manière, devenir Maître d’accueil temporaire, à quelles conditions ? y a -t-il des compensations prévues dans ce cas, comme cela l’a été il me semble, au moins pendant un temps, en France ?

Pour ma part, je lis le questionnaire « brut », c’est à dire, sommes-nous favorables à accueillir des stagiaires sans compensation aucune. Du coup, pour moi, la réponse c’est non…

Par ailleurs à Belgrade on reçoit chaque année de manière « obligatoire » des stagiaires ESPE (et avant, c’était l’IUFM) de l’académie avec qui l’école a un accord, et ils restent 4 semaines dans nos classes. Cela alourdit de beaucoup notre travail, volume horaire, fatigue, on explique avant, après, pendant…

Pour compléter mon message précédent, certains collègues ne peuvent pas répondre correctement au questionnaire car nous recevons aussi, de manière « obligatoire », dans le cadre d’un partenariat avec l’école des maîtres de Belgrade, des étudiants serbes qui ne sont donc ni des futurs remplaçants, ni des contrats locaux, ni des stagiaires IUFM. Du coup pourrait-on ajouter une case « autre, préciser » ?

Ces étudiants viennent « découvrir » le système d’enseignement français…

Et comme pour les stagiaires ESPE, l’école fait pression car il « faut » trouver quelqu’un qui les accepte en tant que stagiaire.

Il n’y a pas de possibilité non plus dans le questionnaire de tenir compte des formations qu’on nous demande à l’année, je m’explique : ici par exemple, la résidente puis, plus tard, quand elle est partie en congé maternité, le TNR, ont eu pour mission (sans que rien ne soit écrit mais on le leur a demandé comme une évidence) de piloter les classes de leur niveau (classes de CP). Donc un TNR se retrouve à former des collègues en local, et ce, à l’année. Il n’y a pas d’accueil dans les classes mais cela reste une formation à l’interne, masquée mais entendue comme une évidence.

Et c’est toujours comme cela, on forme des binômes (nous avons deux classes par niveaux en principe) résident-local, avec à charge pour le résident de piloter le binôme à l’année… et ça, ce n’est écrit nulle part, mais c’est demandé.

Dommage qu’il n’y ait pas quelques questions ouvertes qui permettraient de partager notre expérience locale.

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Allemagne : A Munich avec deux autres collègues formatrices nous mettons en place cette année l’accompagnement de collègues enseignantes d’allemand qui n’ont jamais enseigné en élémentaire. 

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Equateur : Ici, à Quito, nous avons un maitre formateur. Il anime des séances de formation pour un groupe de stagiaires (AEM, aide à l’entrée dans le métier) à raison de 2 heures semaine. Ces stagiaires assurent les remplacements, ils seront prioritaires sur les embauches en contrat local.

Après embauche, le maitre formateur assure un suivi, les collègues du niveau aide également le nouvel arrivé.

J’ai eu du mal à remplir vos cases, car je pense qu’il faudrait simplement plus de titulaires résidents, donc moins de formateurs, qui eux ont pour mission de former des contrats locaux… mais ça n’apparaît pas dans l’enquête.

Au lycée de Quito il y a un maître formateur, c’est lui qui se charge de la formation et non le directeur, comme j’ai coché, car je ne pouvais pas laisser de cases vides.

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Canada : J’ai été amenée à recevoir à plusieurs reprises  des stagiaires de Québec ou de France. (Des collègues ont eu des stagiaires aussi de Belgique). En général cela s’est très bien passé (à quelques exceptions près…): je le fais car à chaque fois j’apprends beaucoup des échanges avec les stagiaires. Ceux du Québec sont très bien formés (à côté de mon année bâclée de formation à l’IUFM, les 4 ans des québécois paraissent un rêve).

Bien sûr je n’ai pas été payée (ma prime étant ce que j’ai appris !) Les stagiaires sont suivis depuis Québec et reçoivent une ou deux visites du directeur. Ils sont en observation 2 semaines puis progressivement, prennent de plus en plus souvent la classe pour aboutir à 3 semaines/ un mois en responsabilité. À la fin du stage le stagiaire reprend petit à petit sa position d’observateur.

Je ne me sens pas la capacité de passer le CAFIPEMF parce que je ne me sens pas assez bonne et pour la même raison je ne me vois pas me faire payer pour… mais ne me plaindrai pas si on me payait! Je conçois ma relation avec le stagiaire comme une relation d’échange : comme si un collègue venait me voir dans ma classe et me disait depuis l’extérieur ce qu’il constate, ce qu’il ferait, ce qu’il ne comprend pas : cela me permet de remettre en cause ma pratique et d’avoir l’impression d’avancer.

Je refuse, après l’avoir fait volontiers plusieurs années, ce rôle désormais. Je considère que ce rôle est celui de l’emfe aujourd’hui.

Si une modification de notre lettre de mission venait à prendre forme, j’espère que la compensation financière sera significative… Trop de casse des services publics dernièrement, entraînant une usure certaine sur le terrain…