Réunion avec le Service Pédagogique de l’AEFE du 20 avril 2020

Retour sur zoom : En amont de cette réunion, nous avons rappelé que l’outil utilisé pour cette réunion nous semblait inapproprié en raison des failles de sécurité reconnues de cette application.

Présents :

  • AEFE : Vassily Driancourt (SP), Alain Trintignac (SP), Sébastien Mourot (SP)
  • SNUipp-FSU HDF : Christine Bernigaud, Bruno Ribard

Introduction

Mme Driancourt précise que c’est une visio à questionnement pédagogique : avoir des remontées d’informations, avancer sur l’application du vademecum de l’AEFE et approche de mutualisation des bonnes pratiques. Tous ces points sont particulièrement importants pour le 1er degré. M Trintignac explique qu’il y a une réunion hebdomadaire avec les IEN qui passe en revue toutes les questions afin de mutualiser les outils de pilotage, les moyens et les ressources. Ils ont aussi mis en place sur M@gistère un espace dédié aux formateurs 1er degré pour partager les ressources afin de pouvoir les réutiliser, les archiver et les classer. L’idée est de centraliser dans un espace unique le fruit des recherches des IEN et des CPAIEN.

Le SNUipp rappelle que cette réunion spécifique au 1er degré a lieu à la demande du SNUipp-HDF. Le SNUipp-HDF souhaitait faire remonter l’état de fatique et de stress des personnels. Ce diagnostic s’appuie sur une enquête envoyée à ses syndiqués : 184 réponses en 1 we qui valident les remontées déjà reçues. De plus le SNUipp a mis en place des visioconférences avec plus de 60 correspondants pays.

Ce qui en ressort c’est que les enseignant.e.s ressentent une pression supplémentaire en cette période : 86% (direction 50%, parents 42%, IEN 18%).

Pour le SNUipp, il y a une distorsion entre le discours de bienveillance de l’AEFE et la transmission des consignes par les chefs d’établissements et les IEN sauf au Maroc.

Les pressions semblent plus importantes au 1er degré qu’au second d’après les retours.

Les autres organisations vont sensiblement dans le même sens…

Conseils et 108 h

Le SNUipp expose la problématique : certains établissements n’organisent plus de CM, d’autres plus qu’il n’est prévu par les textes. Le rythme des instances doit respecter les règles qui prévalaient hors confinement.Les CR ne sont plus transmis. De la même façon, les formations ne peuvent pas être organisées hors temps scolaire ou en même temps que le suivi pédagogique. Réunions rassemblant des représentants nommés par le chef d’établissement, les autres ne peuvent pas donner leur avis.

Résultat du sondage : 52% moins qu’en temps normal et 22% plus qu’en temps normal. Même chose pour les conseils de cycle.

La cheffe du Service Pédagogique confirme que la tenue des instances est une évidence. Ce sont des lieux de débats, d’échanges et où l’on arrête des décisions adaptées à la problématique actuelle. C’est dans ces instances que l‘on peut mettre en place l’enseignement à distance au regard de la capacité de l’élève à être autonome avec la présence d’un adulte à ses côtés. Un rappel pourra être fait via les IEN sur l’importance de la tenue de ces instances du 1er degré. La communication doit être plus forte dans ce sens dans les jours à venir.

Le Service Pédagogique redit que les 17 IEN se réunissent avec lui toutes les semaines et qu’en parallèle des groupes de travail ont lieu (ex : étayage du pilotage par les directeurs ou les chefs d’établissement à distance, comment conseiller un enseignant…). Les IEN ont produit un padlet sur plusieurs sujets dont la conduite des instances. Mais il convient que les contextes sont extrêmement hétérogènes selon les pays.

Le SNUipp-FSU souhaiterait qu’un courrier soit adressé aux établissements rappelant que la crise n’a pas supprimé les instances et que celles-ci doivent continuer à fonctionner dans la même mesure (ni trop ni pas assez) tout en s’adaptant au contexte mais que le présentiel dans les établissements fermés ou villes confinées ne peut être exigé (exposition pendant les transport, pendant les rencontres,…). Le Service Pédagogique s’y engage, surtout qu’il serait délicat qu’un enseignant attrape le virus en allant dans l’établissement.

Il en va de même pour les formations quand elles sont proposées. Pour le SNUipp, elles ne peuvent pas être simultanées au travail de classe ou pendant les vacances. Les formations suivies doivent exemptées de travail avec les élèves.

Le SP explique qu’un énorme effort de formation a été fait dans toutes les zones pour la mise en place des outils que tous les personnels ne maîtrisaient pas mais c’est souvent dépendant des moyens présents dans une zone géographique. Les contextes sont hétérogènes. Les problématiques sont dans le radar du SP, des IEN et des CPAIEN. Il y a des difficultés mais pas forcément partout. Il y a beaucoup d’imagination, de créativité et de recherche dans le réseau.

Résultat du sondage : 73% disent recevoir peu ou pas de conseils de la part des IEN. 55% pas de formations organisées par les IEN et les CPAIEN.

Bulletins

Les organisations syndicales souhaitaient que soit clarifiée la place du bulletin du 2e trimestre et son intérêt avec un confinement qui dure.

Le service Pédagogique rappelle que le 1e degré a la spécificité d’évaluer par compétences et par cycle ce qui est possible en distanciel et recours à la semestrialisation des bulletins a été explicitée par le SP pour descendre la charge de travail et de stress des familles.

Le message a été biaisé par la transmission des consignes qui ont été comprises par les collègues comme une obligation de remplir ces bulletins sans concertation locale.

Certains collègues ont rempli les bulletins du 2nd trimestre et d’autres non s’estimant dans l’incapacité de le faire faute d’éléments à prendre en compte hors confinement.

Se pose aussi le problème des pays en rythme sud où les enseignants ne connaissent pas leurs élèves car très peu de temps en présentiel avant le début du confinement. Le Service Pédagogique s’accorde à dire qu’ils sont dans une problématique différente.

Le SNUipp rappelle l’information donnée par Blanquer comme quoi il ne pouvait y avoir d’évaluation pendant le confinement et que les notes ne sauraient être prises en compte. Pour le Service Pédagogique, leur rôle est de définir les grands principes et de s’appuyer sur l’évaluation par compétences sans prendre en compte des évaluations au jour le jour. Ce qui pouvait être valable au début du confinement évolue avec la prolongation de celui-ci mais que ces bulletins sont une décision d’équipe propre à chaque établissement puisque le SP permet de passer à des bulletins semestriels.

Le SNUipp insiste en expliquant qu’il en est de même pour les bulletins que pour les visioconférences car ils subissent une pression liée aux demandes des familles.

Comme pour les autres sujets, les difficultés viennent souvent de problèmes de gouvernance, il ne faut pas hésiter à leur faire remonter ces difficultés à l’Agence.

Les interventions des chefs de secteur permettent de revoir les décisions en équipe.

Le passage à la semestrialisation permet de lever la pression même pour les familles qui voient qu’une évaluation régulière est maintenue.

Pressions visioconférences

Le SNUipp remonte que les injonctions pour faire de la visio avec les élèves sont multiples et incessantes et qu’il est mis sur le dos des enseignants l’avenir compromis de l’établissement alors que ceux-ci travaillent déjà énormément pour maintenir la continuité pédagogique (et gèrent aussi leur propre famille).

Résultat du sondage : 90 % disent que ce fonctionnement empiète sur leur vie privée.

Dans un premier temps, la mise en place du suivi pédagogique s’est fait avec un respect de la liberté pédagogique : les enseignants ont mis des dispositifs en place puis des injonctions sont arrivées et de nouveaux dispositifs se sont ajoutés aux premiers. Impression d’entassement.

Il ne semble pas au Service Pédagogique qu’il y ait vraiment de collègues réfractaires à la visio mais plutôt des collègues en difficultés. D’autant plus qu’aucune formation autour de cet outil d’enseignement n’a été proposé depuis une dizaine d’années.

Résultat du sondage : 36% disent se sentir isolés.

Pour le Service Pédagogique, les formateurs ont un rôle à jouer car c’est eux qui ont un lien et une proximité avec les équipes et qui peuvent donc accompagner les collègues.

 La cheffe de secteur vante les intérêts multiples de la visio : lien social, les élèves peuvent poser des questions concrètes et … cela permet une visibilité vis-à-vis des familles. Certains chefs d’établissement doivent rendre des comptes aux comités de gestion et aux parents. Pour autant la visio reste un outil, pas une fin en soi. Elle invite les organisations syndicales à faire remonter les établissements qui « pressionnent » trop à ce sujet, notamment sur le nombre de visios à faire. Elle précise que le nombre de visios ne dit rien sur la qualité du travail effectué. Les remontées quantitatives n’ont pas lieu d’être.

Pour le SNUipp, il y a une superposition des outils depuis le début du confinement. Il doit y avoir des formations organisées sur l’utilité pédagogique de la visio.

Pour le service pédagogique, les élèves ont besoin d’entendre et de voir leur enseignant de manière synchrone y compris en maternelle en corrélation avec les autres outils.

Il reconnaît des abus dans les demandes des familles. C’est le discours tenu par le SP auprès des associations de parents d’élèves.

Le SNUipp soulève le problème de l’utilisation de cet outil pour les collègues face à un public d’élèves de maternelle. Ce public ne se prête pas le mieux à la continuité pédagogique à distance que ce soit au niveau du temps d’attention ou de la barrière de la langue. Le Service Pédagogique précise que la manière de l’utiliser ne peut être la même qu’en primaire ou dans le secondaire mais qu’on est plutôt sur des durées de 10-15 min (voire un jour sur 2 si c’est un choix motivé de l’équipe) et que cela permet un contact régulier de l’enseignant avec les élèves. Pour autant, le temps d’école ne peut être transposé à la maison. Ces temps de visio sont des moments nécessaires et ils doivent être réguliers. Le Service Pédagogique est conscient des difficultés matérielles pour les enseignants ou spatiales (petits logements, présence d’enfants en bas âge…) mais les familles ne comprennent pas qu’elles doivent payer les frais d’écolage et gérer leur enfant H24 sans aucun contact avec l’enseignant.

Le service pédagogique estime, après étude avec les IEN et les CPAIEN, que le temps de travail effectif des élèves en termes d’activité structurée est de 2 heures/jour pour le cycle 1 et 3/jour pour l’élémentaire.

Il est d’ailleurs possible que lors des réouvertures ce soient les maternelles qui reprennent afin de permettre aux parents de retravailler avec tout le problème des gestes barrière…

Le service Pédagogique s’engage à proposer via les IEN/formateurs des formations sur les outils de la distance sur le modèle de ce qui se fait dans la zone Amérique en tenant compte des difficultés géographiques.

Le Service pédagogique s’engage à rappeler aux IEN que les « fixettes » quantitatives sur les visios n’ont pas lieu d’être de la part des directions.

Conclusion du SNUipp : il faut remettre des règles et cela très rapidement. Ces dérives affaiblissent les équipes qui ne se sentent plus du tout soutenues voire même agressées, dans une période déjà très anxiogène. (cf les résultats de notre sondage dont nous ferons parvenir les résultats au SP)

Besoin de consignes claires du Service pédagogique et des IEN :

  • qui rappellent le cadre professionnel (ex. 108h, formation continue) et les modalités d’adaptation respectueuses de la surcharge de travail,
  • qui fixent de nouveaux cadres en veillant à éviter les incohérences et recommandations contradictoires (ex. travail en visio + zoom.us),
  • qui soulignent qu’il ne faut pas accumuler les dispositifs et que la mise en place de nouveaux dispositifs techniques et/ou pédagogique doit avoir pour seul objectif d’être plus efficace d’un point de vue professionnel (et non du point de vue de la communication externe) et être accompagnée,
  • qui n’oublient pas la sécurité nécessaire des outils numériques (cf. Fiche de la déléguée à la protection des données de l’AEFE).
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