Enquête « Travail à distance » Avril 2020

Introduction : Alors que l’ensemble des enseignant.e.s du 1er degré en poste dans les établissements français de l’étranger effectue son travail en distanciel durant cette période de crise sanitaire sans précédent, le SNUipp-FSU Hors De France a souhaité interroger ses syndiqué.e.s afin d’obtenir un état des lieux précis de la situation. Cette enquête alimente et illustre les échanges que nous pouvons avoir avec les autorités de tutelle.

Données :

  • Enquête réalisée du 18 au 22 avril 2020 auprès de tous les syndiqué.e.s et sympathisant.e.s du SNUipp-FSU HDF.
  • 200 réponses anonymées obtenues toutes zones géographiques confondues.
Graphiques 1, 2, 3

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Le graphique n°1 montre la diversité des classes occupées par les collègues ayant répondu à cette enquête. La très grande majorité des enseignant.e.s effectue son travail en distanciel depuis 4 semaines ou plus et peut donc avoir une analyse de ce qui a été mis en place durablement (voir graphique n°2).

Nous nous étonnons qu’il y ait encore près de 15% des personnels qui participent à des réunions en présentiel ce qui entraîne des risques sanitaires importants (graphique n°3).

Graphiques 4, 5, 6

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Le graphique n°4 confirme ce que nous attendions : le suivi pédagogique à distance demande beaucoup de temps et d’énergie aux enseignant.e.s. 64% nous disent travailler 8 heures ou plus par jour. Ce mode de fonctionnement inédit entraîne de nouvelles tâches : visioconférences, préparation, correction, communications avec les familles et l’administration et prise en main des nouveaux outils … Le graphique n°5 confirme bien qu’il existe une surcharge de travail. Près de 75% disent travailler plus ou beaucoup plus qu’en temps normal.

En ce qui concerne les élèves, le graphique n°6 illustre le décalage entre les efforts consentis par les enseignants et le travail effectif des élèves : pour 80%, c’est 2 à 3 heures. Ces réponses sont sûrement à moduler en fonction des niveaux des classes concernées mais on peut y voir la limite du suivi scolaire à distance et l’impossibilité pour les enseignant.e.s d’effectuer leur travail de manière optimale. Il semble donc illusoire de prétendre aborder de nouvelles notions et d’évaluer leur acquisition en distanciel.

Graphiques 7, 8, 9

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Le graphique n°7 nous apporte deux enseignements : tout d’abord, une adhésion très importante des élèves à ce fonctionnement puisque 77% suivent le travail demandé par leur enseignant. Ensuite, beaucoup plus négatif, 8% participent à moins de 50% des activités proposées. Cette seconde information aura des conséquences lors de la reprise en présentiel car des écarts importants se seront creusés entre les élèves.

Les réponses apportées à la question n°8 montrent que les enseignants sont plutôt ou même très satisfaits de la relation avec les familles (80%). La très grande majorité de celles-ci est donc présente et consciente des efforts des personnels. Il n’en reste pas moins qu’une minorité (9%) reste dans une attitude de reproche ou d’insatisfaction qui peut ébranler voire décourager les enseignants.

Le travail à distance provoque l’isolement spatial des personnels mais aussi l’entraide avec des échanges virtuels plus intenses. Le graphique n°9 confirme ces deux points : les enseignants communiquent beaucoup et le travail d’équipe s’en trouve renforcé la plupart du temps mais plus d’un tiers n’y trouve pas leur compte et se sentent isolés. 

Graphiques 10, 11, 12

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Le graphique n°10 est clair : le télétravail provoque une confusion entre le cadres familial et personnel et le cadre professionnel. La limite n’existe plus. Cette constatation est sans doute renforcée par l’utilisation d’outils de visioconférence qui entraîne des intrusions des élèves et des familles dans les domiciles des enseignant.e.s.

De nombreux témoignages reçus par le SNUipp HDF de difficultés ou dysfonctionnements dans la gouvernance d’établissements de l’EFE sont illustrés par le graphique n°11. Près de 50% des collègues ne se sentent pas ou peu soutenus par leur direction. Ils sont souvent seuls face aux familles sans intermédiaire. Il y a là un manque qu’il convient de combler.

On notera d’ailleurs que les enseignant.e.s cherchent à combler cette lacune en renforçant l’entraide entre collègues, ce que montre le graphique n°12 où près de 80 % estiment être soutenus entre pairs.

Graphiques 13, 14, 15

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Les graphiques n°13 et 14 sont très explicites. La pression ressentie est réelle pour plus de 85% des collègues. L’origine de celle-ci provient principalement des directions et des familles alors que le discours de bienveillance prônée par les autorités de tutelle devrait inciter les chefs d’établissement à soutenir et à mettre en valeur l’adaptation à ce nouveau mode de fonctionnement. Plus étonnant : plus de 50% des enseignant.e.s estiment se mettre eux/elles-mêmes cette pression : cela illustre que leur conscience professionnelle reste intacte durant cette crise.

Nos interventions auprès de l’AEFE sont renforcées par le graphique n°15 car plus de 50% estiment que les conseils ou informations provenant des IEN sont jugées insuffisantes. Alors que les enseignant.e.s doivent s’adapter à de nouveaux outils, il semblerait indispensable que la tutelle pédagogique mette en place des formations plus intenses pour en décrire les utilisations possibles dans le suivi pédagogique.

Graphiques 16, 17, 18

Analyse du SNUipp-FSU HDF : L’analyse du graphique précédent est renforcée par le graphique n°16 même si les moyens disponibles pour mettre en place ces formations peuvent être très différents d’une zone géographique à l’autre. Il n’en reste pas moins que 55% de réponses négatives semble mériter que cette question soit posée aux autorités de tutelle.

Le HDF est intervenu auprès de l’Agence pour demander que les instances et les obligations réglementaires de service soient respectées durant cette période. Les outils de communication permettent de maintenir les concertations et les instances de décision. Cela nous paraît d’autant plus indispensable que le suivi pédagogique à distance demande régulièrement des ajustements. Les graphiques n°17 et 18 apportent une confirmation aux dysfonctionnements en cours : on constate que davantage ou beaucoup moins de conseils des maîtres ou de conseils de cycle sont organisés sans respect des textes réglementaires. Ce fonctionnement anarchique doit être corrigé. 

Graphiques 19, 20, 21

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Plusieurs enseignements des graphiques n°19, 20 et 21 concernant les outils : l’utilisation du téléphone personnel semble incontournable en cette période mais les conséquences post-crise devront être soulevées pour éviter des situations d’envahissement de la part des familles. Le HDF note aussi la diversité des outils utilisés qui met en évidence que les personnels se sont adaptés très efficacement à ce nouveau mode de fonctionnement en cherchant le meilleur moyen de travailler à distance. Néanmoins, le graphique n°21 met en évidence le manque de concertation en équipe lors de la mise en place, ce que l’on peut regretter. Même si la liberté pédagogique doit être rappelée, il aurait été utile que les enseignant.e.s aient davantage de temps pour échanger sur les outils afin d’éviter une mise en difficulté pour les collègues les moins aguerris en informatique d’un même établissement.

 Graphiques 22, 23, 24

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Ces résultats complémentaires des précédents mettent en évidence l’absolue nécessité d’une prise en charge des besoins matériels pour effectuer ce suivi pédagogique. Les demandes injonctives d’utilisation de certains outils alors que le matériel n’est pas disponible placent les enseignants dans des situations inextricables. De plus, le partage du matériel personnel avec les autres membres de la famille ne permet pas au personnel de répondre aux demandes exponentielles des familles et de l’administration. Le graphique n°24 montre que près de 30% ne disposent pas d’une connexion Internet suffisante, condition sine qua non pour assurer le suivi.  Des ajustements matériels et budgétaires doivent donc être mis en place.

Graphiques 25, 26, 27

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Le graphique n°25 apporte un élément complémentaire à l’analyse précédente.

Les résultats à la question n°26 montrent que l’appui technique est défaillant dans beaucoup d’établissements et qu’il faudra veiller à se doter de personnel ressource dans ce domaine. Laisser chacun.e s’autoformer sur des outils parfois très techniques provoque du stress, de la frustration et du découragement chez les collègues.

S’il en était encore besoin, le graphique n°27 montre que la fatigue (65%) et l’incertitude (70%) sur l’avenir sont les principales préoccupations des enseignant.e.s. La densité du travail des semaines passées peut faire craindre des ruptures si l’on n’en tient pas compte. 

Graphiques 28, 29, 30

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Les réponses à la question n°28 montrent que les consignes sur la mise en place de visios ont été majoritairement suivies mais que certains enseignant.e.s (36%) ont trouvé d’autres outils ou refusent ce fonctionnement synchrone. Ce choix doit être respecté et ne remet pas en cause la qualité du travail effectué. Par contre, si la quasi- totalité (88%) se limite à une heure par jour, on peut s’étonner que certain.e.s, certes très minoritaires, effectuent trois heures ou plus de classe synchrone par jour (graphique n°29). Ceci doit aussi être mis en relation avec le niveau d’enseignement.

Le faux-choix de zoom probablement fait dans la précipitation ou imposé par les établissements pour 75 % des personnels (graphique n°30) interroge alors que les failles de sécurité continuent d’être dénoncées dans de nombreuses publications. Des conséquences en matière de responsabilité sont à craindre pour l’avenir si les images captées lors de ces moments synchrones sont diffusées par la suite. La réflexion sur un outil adapté et protecteur doit être mise en route.

Graphiques 31, 32, 33

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Les graphiques n°31, 32, 33 portent sur les bulletins d’évaluation. Les réponses doivent être lues en tenant compte des différences de niveau et de la situation géographique des établissements. Il convient de noter que la majorité (66%) a choisi de ne pas remplir les bulletins du 2nd trimestre. Cette option laisse penser que la fusion des bulletins des 2nd et 3ème trimestres sera la solution adoptée. Le SNUipp-HDF rappelle sa position sur ce sujet à savoir que la décision doit être prise en équipe après discussion en conseil des maîtres. Dans tous les cas, il ne semble pas possible d’effectuer ce travail d’évaluation sous une forme sommative et totale comme elle pouvait l’être auparavant. Ces bulletins ne doivent en aucun cas être une réponse institutionnelle à une demande clientéliste des familles.

Graphiques 34, 35, 36

Analyse du SNUipp-FSU HDF : Ces trois questions sur les congés scolaires mettent en évidence plusieurs points d’analyse : Au regard des conditions de télétravail engendrées par la situation sanitaire, certains établissements ont fait le choix de modifier le calendrier scolaire, ces modifications doivent se faire avec l’accord de toute la communauté éducative. Le graphique n°35 justifie les interventions du HDF auprès de l’Agence pour que les procédures soient respectées (CE, IEN, COCAC, AEFE) pour modifier les calendriers scolaires puisque dans 34% des cas, ce sont les directions qui ont décidé des changements. Le HDF soutient toutes les équipes enseignantes qui demanderaient à adapter leur calendrier en vue d’effectuer une coupure qui permettrait une déconnexion temporaire au milieu d’un 3ème trimestre de travail à distance très long. Et cela même si le nombre de jours ou de semaines devait être légèrement réduit.